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Douceur des larmes

Dernière mise à jour : 18 janv. 2019



Alors que mon père vient tout juste de mourir et que la tristesse et les larmes font partie de mon quotidien, j'aimerais vous partager ces quelques réflexions.

Quand mes poumons sont contractés, ma cage thoracique fermée, mes mâchoires serrées et que finalement je laisse couler les larmes. Comme cela peut être doux.

Comme un ruisseau qui s’écoule librement, les larmes se font tendres et paisibles. La pression diminue, mon cœur s’apaise.

Trop rares sont les moments où nous nous autorisons à pleurer. Pleurer de joie, c’est acceptable, mais pleurer de tristesse, ça ne l’est pas. Socialement pour une femme ça passe, si ça ne dure pas trop longtemps, mais pour un homme, c’est plus compliqué.


Pourquoi tant de rejet face à la tristesse ? Pleurer est généralement considéré comme une faiblesse. C’est tellement ancré, on nous le répète depuis le plus jeune âge. Les petits garçons en particulier baignent dans ce concept vieux d’un autre temps. « Soit fort, arrête de pleurer », « arrête de pleurnicher, tu n’es pas un bébé ».


Un jour, alors que mon père était au bord des larmes il y a quelques années, je lui ai demandé pourquoi il se retenait de pleurer. Il m’a répondu : « quand je pleure je trouve que mon visage est laid, déformé » Est-ce vrai ? Un visage qui pleure est-il réellement laid ? Pour ma part, j’ai souvent trouvé qu’un regard est transformé lorsque les larmes coulent. Non pas de la laideur, mais une véritable clarté s’installe, une transparence cristalline qui touche au plus profond du cœur.


Quelle violence nous nous infligeons ! On se cache pour pleurer, ou on ne pleure pas du tout, quitte à ravaler des litres de larmes et la liberté qui nous est proposée.

Combien de personnes tristes n’arrivent même plus à pleurer ? La tristesse est telle, la tension et le mur construit pour retenir ces flots est si solide qu’il faut une dose puissante d’écoute, d’acceptation et d’amour pour toucher directement le cœur et permettre aux émotions de se libérer en toute sécurité.


GOUTER LES LARMES


C’est au moment même où je réalise que je suis triste que les larmes montent. Cela peut faire des jours, voire des années que cette tristesse est présente en moi, mais c’est seulement à l’instant où je pose ma conscience aimante dessus, que les larmes me viennent.


A ce moment précis plusieurs possibilités s’offrent à moi.


La première est une vieille habitude. Je l’ai souvent pratiquée. Je bloque l’émotion qui monte parce que j’en ai peur. Ca semble une solution très pratique, jusqu’au moment où mes larmes réprimées deviennent de véritables torrents, ce qui n’est pas plus rassurant. Quitte à foncer tête baissée dans le déni, je vais réprimer ces flots encore plus fortement. Cela prend beaucoup d’énergie et la tristesse continue de m’habiter.


Parfois je pleure et je plonge littéralement dans les larmes en me racontant en boucle l’histoire pour laquelle je pleure, à quel point c’est triste, terrible et injuste…raison pour laquelle je vais pleurer encore plus. Je sais qu’il est alors difficile de sortir de cette tourmente et de cette sensation d’être victime. Et malgré les apparences, je peux même y trouver un certain plaisir, me complaire dans cette situation.


Mais alors qu’est-ce que je recherche ? Vivre dans le mensonge, dans le déni ?

Il me semble aujourd'hui que le plus simple, le plus doux est tout simplement la Vérité. Lorsque je prends le temps de sentir chaque larme, sans jugement, de gouter ce que me propose la vie avec un regard tranquille, la Paix s'impose. Plus d'histoires, plus de victime, plus de questions. Juste des larmes, douces et tendres. Des larmes de réconfort, des larmes libres, profondes et cristallines. Je peux alors gouter la pureté de l’émotion et la tristesse se fait Amour et relâchement. 

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